Enrichir son vocabulaire en lisant #2

Écriture et littérature, Créations

On reprend la même idée que la dernière fois  : apprivoisez les mots nouveaux qui ont croisé ma route en février (mieux vaut tard que jamais!) Depuis que j’ai découvert que mon application de dictionnaire hors-ligne sur mon téléphone offrait la possibilité de d’ajouter des mots dans nos favoris, je note avec enthousiasme les inconnus que je découvre dans mes livres. Pour aujourd’hui, je les mettrai en scène à travers un poème traitant de la rivalité entre le croyant et l’athée.

Salmigondis ophidienne

Lorsque le pharisien croise le bigot
Le pharisien juge le bigot
Et vice-versa, prenant leur plus belle tessiture
Ceux-ci vont avec aménité
Avec une fausse équanimité

De l’autre, chacun est la contre-culture
Qu’il soit carmélite ou monacal d’une autre façon
Qu’il soit d’un grand intellect ou d’un air moron
L’un critique le dernier par sa vétusté
Le second par son priapisme obnubilé

Brimant l’intimité des gynécées
Semant ses semances, ses scories, ses péchés
Fantôme des lupanars
Vivant de pantomimes
Destiné à l’abîme

Et puis, le maître de l’amphigouri
Dans le latin forme des congères
Entre lui et les hommes qui lui sont cher
Ses paroles bibliques, des turpitudes pour l’athée et son ouïe
Ses paroles bibliques qui hantent les cauchemars

Au final, lequel plénipotentiaire?
Lequel pusillanime?
Les deux probablement
Derrière l’outrecuidance, se camouflant
Mais personne n’est unanime

À en croire la si forte haine
Que ressent ces idiosyncrasies
Opposées par sacerdoces ennemies
Les deux finiront d’atroces géhennes
Côte à côte, en Enfer

Comme Pascal l’a dit
Et comme l’a confirmé Flaubert
L’homme est plus près de la bête que de l’ange idolâtré
Ils sont de simples phacochères
Nous ne sommes qu’errant dans la nuit.

Donc, voici un total de 24 mots versus 10 dans le premier article, j’y ai été un peu fort ce mois-ci haha! Combien en connaissiez vous parmi ceux-ci?

Aménité : Douceur accompagnée de politesse et de grâce.
Amphigouri : Écrit ou discours dont les phrases, contre l’intention de l’auteur, ne présentent que des idées sans suite et n’ont aucun sens raisonnable.
Bigot : Personne affichant une religiosité affectée.
Carmélite : Religieuse de l’ordre des carmes déchaux.
Congère : Amas de neige de plus ou moins grande ampleur qui se forme par l’action du vent.
Équanimité : Sentiment d’indifférence à l’égard de toute sensation ou évocation, agréable ou désagréable, dû à l’apaisement de l’esprit.
Géhenne : Souffrance physique ou morale atroce.
Gynécée : Appartement réservé aux femmes chez les Grecs.
Idiosyncrasie : Personnalité psychique individuelle.
Lupanar : Établissement où se pratique la prostitution.
Ophidien : Qui de la nature du serpent.
Outrecuidance : Confiance excessive en soir ; orgueil, présomption.
Pantomime : Art d’exprimer les passions, les sentiments, les idées par des gestes et par des attitudes, sans le secours de la parole.
Phacochère : Mammifère d’Afrique, voisin du sanglier, muni de deux défenses dirigées vers le haut.
Pharisien : Celui, celle qui, sûr de soi, juge de haut, avec orgueil et dureté, les actions ou les opinions des autres.
Plénipotentiaire : Qui peut tout.
Priapisme : Vif appétit sexuel, et par extension, grande excitation.
Pusillanime : Qui manque de courage, de caractère ; qui fuit les responsabilités.
Sacerdoce : Vocation.
Salmigondis : Personnes réunies au hasard.
Scorie : Produit des éruptions volcaniques, sorte de lave légère.
Tessiture : Tranche du registre la plus aisée d’une voix.
Turpitude : Ensemble d’actions honteuses, d’écrits ou de paroles ignobles.
Vétusté : Ancienneté. Se dit principalement en parlant des choses que le temps a fait dépérir, a détériorées.

Exercices de style

Écriture et littérature, Créations

dictionnary santa

Ou j’ai failli appeler cet article «Mon allié, le dictionnaire», mais je trouvais que ça sonnait beaucoup trop intello. Quoique je suis une intello, la preuve incontestable : j’étais excitée à l’idée de consulter les encyclopédies de mon père hier soir.  Pour ma défense, ses encyclopédies sont toutes reliées en cuir, c’est tellement agréable à l’oeil comme au toucher… Je me cale, je me tais, l’encyclopédie n’étant pas ici le sujet principal, je retourne à mon dictionnaire. En quoi peut-il être mon allié?

Outre son usage grammatical, cette bible de la langue française peut être utile d’autres façons. Il est une source intarissable pour développer son vocabulaire. Presque chaque enfant a déjà décidé de lire le dictionnaire (la majorité n’auront sûrement même pas atteint le mot abeille), sauf que je crois qu’on peut s’entendre sur le fait qu’à moins d’être un dieu de la mémorisation, ce n’est pas la solution numéro un pour apprendre de nouveaux termes.

Quand je cherche la définition d’un mot, je vais directement sur le site de Larousse.fr  ou encore, je vais sur mon application de Dictionnaire hors-ligne sur Android (laissez-moi vous dire que je le consulte très souvent et que je vous conseille de le télécharger à l’instant). La version papier me sert en deux occasions : en classe ou pour mes exercices de style. Plusieurs sites offrent de découvrir un mot par jour, notamment LeMotDuJour, mais je préfère ma méthode old-fashion.

J’ouvre à une page au hasard et je la survole du regard à la recherche de ma victime.  Parfois, certains termes ne se prêtent pas au jeu, par exemple, la choane qui est, selon le Larousse 2013, «Orifice postérieur d’une fosse nasale, qui la fait communiquer par la partie supérieure du pharynx». D’autres mots seront par contre très intéressant comme le verbe chinoiser qui signifie «Discuter sur des détails ; ergoter».

La dernière fois que j’ai fait cet exercice, ce fût autour du thème de l’électrotropisme, c’est-à-dire, l’étude du comportement animalier en présence de champ magnétique. J’ai pondu un texte d’environs 200 mots (soit une page d’un petit carnet) que je vous partage à l’instant :

«Petite escapade dans la jungle, retour aux sources, retour aux folies. Les lémurs sautent de branches en branches, les serpents sinuent de tronc en tronc. La musique amazonienne régit le rythme du jour devenant la nuit. Les yeux s’éliminent comme des phares quand le soleil se couche et le noir se lève. Je dois être une chauve-souris, je me transforme encore en bête. Me voilà enfin réellement le coeur en fête. Je vole ou je danse puis avec la cadence ou la décadence, tu me rejoins. L’heure est à être proche et non à être loin. Tu n’as pas de couronne, mais tu es mon Roi de la jungle, tu contrôles mon esprit sans sceptre. Pourtant, tu ne me parles, ni ne me touches. Tu agis comme un champ magnétique, ta présence seulement me fait dérailler. Je sais que tu manigances, mais je suis déjà prise dans les filets de l’électrotropisme, donc je ne m’en soucis plus. Je suis ton sujet et je me sens en vie».

Je vous encourage à écrire à votre tour sur ce mot ou un autre, que ce soit un texte beaucoup plus long ou beaucoup plus court. Pourquoi pas un poème sinon? Partagez moi vos exercices, je serais ravie de les lire! 🙂